• Nibel: Carte - Explications et Making Of

    Je voulais faire ce poste pour parler un peu de la carte de Nibel que j'ai faite, car c'est la première carte que je fais avec autant de précision, quoiqu'on pourrait faire encore plus précis.

    La carte en question

    Par rapport à la grande carte du monde, il s'agit là d'une carte à l'échelle d'un pays uniquement, où tout a été refait pour correspondre mieux à une vue "zoomée": les contours des côtes ont été redessinées de manière plus précise, les dessins d'éléments naturels (forêts, montagnes, collines, rivières) ont été redessinées plus précisément et en incluant les zones plus petites qui ne figurent pas sur la grande carte, le nombre de villes représentées est bien supérieur.

     

    Explication de l'échelle et de la représentation

    Au niveau de l'échelle, je ne suis pas encore capable de donner une véritable échelle de distance, mais il faut se dire que Nibel est un vaste pays (plus grand que la France par exemple), et même si cette carte est déjà assez "zoomée", il y a plusieurs détails plus petits qui ne sont pas représentés, comme les plus petites rivières, les petites forêts, lorsqu'il y a 2/3 collines. Tout est représentatif ici, c'est à dire que s'il y a une petite zone dessinée avec 3/4 arbres, cela représente déjà une vaste forêt.
    De même pour les villes. Sur la carte ne sont représentées que les véritables "cités", c'est à dire avec un véritable centre urbain important, même s'il y a déjà entre les cités une distinctions entre les cités majeures (police un peu plus grande), qui sont de véritables centres économiques et politiques, et les autres cités, qui sont un peu moins importantes mais toujours suffisamment grandes. En plus de ces cités, les emplacements qui ne sont pas représentés sont tous les villages, les petites communes et les châteaux. A noter qu'il peut y avoir des cités qui ont été bâties autour d'un château, c'est le cas pour les capitales ducales par exemple, mais pour les plus petits seigneurs, tels que des comtes ou de simples barons, il s'agit la plupart du temps d'un château et de plusieurs villages alentours.

    Quant à la conception en elle-même, tout a été dessiné "à la main" sur tablette, sur Paint Tool Sai, sans outil de création de cartes, bien que je sais qu'il en existe plusieurs sur internet.

     

    Making Of : La Toponymie

    L'une des choses qui m'a pris le plus de temps, au delà du fait de dessiner chaque petite montagne ou arbre, a été de définir chaque nom de cité, car il y en avait tout un tas. J'aurais pu simplement prendre un paquet de noms d'un générateur de noms, comme on peut en trouver plusieurs sur internet, mais ça ne m'aurais pas satisfait, car je cherche à créé avant tout un monde "vivant" et crédible, avec une raison à toute chose.

    Historique


    Dans la toute première version de Nibel, qui n'est jamais apparu sur ce blog, il n'y avait que 4/5 villes, dont les noms avaient été décidé un peu à l'instinct, par à des sonorités qui me plaisaient, et en essayant de conserver vaguement une cohérence "sonoristique". A l'époque, le monde que je créais était très vague, et n'avait absolument pas la profondeur qu'il a actuellement (pour le moment essentiellement dans ma tête).
    Dans une deuxième version, après que j'aie commencé à écrire sur ce blog, j'avais fait une refonte d'Aethernalia et avait commencé à étoffer un peu les différentes nations du monde que je créais. Pour Nibel notamment, j'avais décidé d'en faire une nation inspiré par une culture germanique/allemande, avec au nord-est des terres appartenant à une culture celtique, au sud-ouest des terres appartenant à une culture plus ibérico-italienne, et au nord-ouest, une autre culture basé sur quelque chose comme une mélange baltique/tchèque. Pour les noms des villes, j'ai commencé par rajouter tout un tas de plus petites villes, et décidé des noms en respectant un thème allemand. Pour ce faire, je me servais de générateur de noms de villes allemandes, et surtout, je regardais beaucoup de noms de villes existantes allemandes, et essayait de combiner des sonorités pour avoir des noms qui me plaisaient.

    Enfin, lorsqu'il y a peu, j'ai décidé de retravailler encore une nouvelle fois le monde que j'avais créé, j'en ai profité par commencer à peaufiner bien plus Nibel (dans ma tête essentiellement), faisant de ce pays un empire très décentralisés composé de plusieurs cultures différentes, avec un degré d'influence de la culture dominante plus ou moins important. J'avais également envie de me décoller un peu de la simple "imitation de sonorité Allemande", pour créer quelque chose de plus vivant et qui me soit plus personnel. Et étant donné que j'ai défini plusieurs cultures/langages appartenant à une même famille, je voulais qu'on puisse observer les différences entre ces zones de culture rien qu'en observant les noms de villes, tout en étant capable de reconnaître les similarités qui les rattachaient au sein d'une même famille (par exemple, comme la proximité entre le suédois et le norvégien). Je voulais que le monde que je créé soit vivant et logique, que tout ait une raison, un sens. Cependant, je n'avais pas non plus envie de passer du temps à créer des dizaines de con-langues pour chaque langage, donc je me suis tourné vers une autre méthode: la toponymie.


    La Toponymie

    La toponymie est l'étude des noms d'emplacement, via l'étymologie de leur noms, les transformations qui se sont opérées au court du temps, etc... C'est un sujet très intéressant auquel je me suis surpris à être enjoué. Il faut savoir que dans le monde réel, chaque ville (en dehors d'exceptions) a un nom logique, qui signifie ou signifiait quelque chose. Tout nom de ville avait un sens très clair à l'origine, qui faisait référence à sa fonctions, à l'environnement qui l'entourait ,ou même à son possesseur/fondateur. Par exemple, on peut imaginer "Au bord de l'eau", "Ferme de Gustave", "Colline verte", etc... Cela peut sembler stupide, mais à l'origine tous les noms sont de ce type, dans leur langage respective.
    A cela il faut ajouter deux principaux facteurs: la transformation naturelle et le changement culturel.1.


    Déformation Naturelle

    La déformation naturelle fait référence au fait qu'à force d'habitude, un nom d'emplacement va être transformé pour être prononcé plus facilement, cela va passer par le raccourcissement du nom (en effet, dans la plupart des langues, on trouve rarement des noms de villes à plus de 3 syllabes, 2 syllabes étant le plus commun), et ensuite par la modifications de certaines consonnes pour rendre le tout plus simple. Dans de nombreux cas, le sens d'un ou plusieurs des termes se perd avec le temps.
    Prenons nos trois exemples:

    - "Au bord de l'eau", très long, finirait raccourci, par exemple, en "Bordeleau", et avec plus de temps et déformations, on pourrait même en venir à "Bordleau", puis "Bordeau", qui est beaucoup plus simple et court à prononcer. Ce n'est pas pour autant l'unique transformation qui aurait pu se produire.

    - "Ferme de Gustave" est également très long, cela serait raccourci inévitablement avec le temps. Etant donné que "Gustave" est un nom, on peut imagine dans un premier temps un raccourcissement du nom en "Gus", donnant "Fermedegus", et puis ensuite, pourquoi pas un affaiblissement en "Fermegus", avec le temps on oublierait que "gus" fait référence à "Gustave", et on le réécrirait pour le rendre plus compatible avec la langue: "Fermegusse".

    - "Colline Verte", pour faire court, on peut imaginer "Lineverte", ou "Coliverte", "Colivère", "Clineverte", etc...

     
    Changement Culturel

    Ensuite, le changement culturel fait référence au fait qu'au cours du temps, non seulement le langage peut évoluer, mais de manière encore plus marqué, un lieu peut passer au contrôle d'un possesseur parlant un tout autre langage. Ainsi, les nouveaux habitants vont modifier le nom, soit en le traduisant complètement ou partiellement, soit en le modifiant pour le rendre "compatible" avec leur langue. Il peut également arriver qu'ils gardent le nom, en le modifiant ou non, et décident de rajouter leur propre suffixe/préfixe. Prenons nos exemples:

    - "Bordeleau", est un nom français, qui a déjà évolué un peu par rapport à sa nomination initiale. Imaginons que ce petit village passe en possession anglaise. Si les nouveaux possesseurs reconnaissent la signification du nom et souhaitent le traduire, on pourrait imaginer une transformation en "Waterside", qui à son tour évoluer en "Terside", ou "Watside" par exemple. Une autre hypothèse serait que les nouveaux occupants se contentent uniquement de "angliciser" le nom, en "Bordlow", "Boardlow" ou "Boardlaw" par exemple, bien que les nouveaux termes qui apparaissent "board", "low", "law" n'aient plus rien à voir avec la signification initiale, ce qui pourrait éloigner le nom encore plus de sa signification initiale, si un autre possesseur arrivait et en venait à traduire le nom mot à mot. Par exemple, un possesseur allemand: "Tafelniedrig" (pour "Boardlow"), qui se transformerait à son tour en "Tafelrig" par exemple, dans le cas de la traduction; ou bien dans le cas d'une simple germanisation "Bordlau", qui pourrait également se simplifier en "Borlau". Il pourrait même s'agir d'une "germanisation" partielle, accompagnée d'une traduction de l'autre moitié: "Tafellau" -> "Taflau", etc... Dans ce dernier cas, si jamais cet emplacement revenait sous possession française, si jamais l'on se souvient de l'ancien nom alors il suffit de le remettre en pratique, mais dans le cas contraire, une nouvelle étape de transformation s'applique, par exemple en "francisant" le nom ("Taflau"): "Taflahot" ou "Taflot" (je rajoute un "t" à la fin parce c'est peu commun des noms se finissant en "o" en français). Ici, le nouveau français n'a plus rien à voir avec la version originale, et n'a même plus de sens. En effet, il est très commun que le sens original se perde rapidement, après 2/3 changement de langues.

    - "Fermegusse" a subi déjà suffisamment de déformations pour qu'on ne puisse plus vraiment deviner que "gusse" est en réalité le raccourcissement d'un prénom, de fait on ne peut pas traduire cette partie. On peut alors de simplement "germaniser" le nom, dans le cas de nouveaux occupants allemands. Par exemple, "Farmgüs". Si jamais le partie "ferme" a été identifiée et traduite, le nom peut être changé en "Güstorf".  En revanche, imaginons un cas où le nom a été au préalable tellement déformé auparavant que la partie "ferme" n'est plus identifiable, par exemple, "Fergusse", en ce cas, il serait impossible de traduire quoique ce soit, et l'occupant ne trouvant aucune partie traduisible, pourrait considérer "Fergusse" comme un nom, auquel il pourrait rajouter son propre suffixe pour ferme, par exemple "Fargüstorf", bien que le "far" du nom provienne initialement de "ferme" également, ainsi il est amusant de constater qu'en connaissant l'historique du nom, il y en réalité une redondance dans le nom. Mais il y a également possibilité qu'au moment où l'emplacement change de propriétaire, la "ferme" d'auparavant a beaucoup grandi et est devenu une véritable petite ville. Ainsi, si l'on rajoutait un suffixe, il désignerait "ville" au lieu de "ferme": "Fargüsburg", c'est à dire que l'ancien "far" désigne une ferme, mais que le nouveau suffixe désigne une ville, l'état actuel du lieu.

    - "Clineverte": On applique les mêmes procédés. Avec une germanisation: "Klinfart", avec semi-traduction: "Grünklin", avec traduction complète: "Grünberg". En rajoutant un suffixe "Klinfartberg", qui pourrait aisément être déformé en "Klinarberg", ou "Klinharberg", avec un affaiblissement du "f" et du "t". Et en "re-francisant" depuis notre dernier cas: "Clinarbergues".

     

    Application sur la Carte

    Je vais donc maintenant montrer quelques exemples de comment j'ai appliqué ces procédés sur ma propre carte. La grande majorité des noms de cités ont été défini grâce à la toponymie, avec quelques exceptions (moins d'une dizaine) où j'ai juste gardé des noms dont j'aimais la sonorité en m'assurant qu'elle colle au lexique phonétique de la langue, ce qui peut se défendre en disant que la ville a été fondée sous le nom d'une personne, où un simple mot dans une version antérieure du langage, par exemple, la capitale "Lodr", qui ne signifie rien en particulier. On peut alors imaginer que le fondateur de la cité avait un nom proche de "Lodr" (à l'instar de Roma bâtie en l'honneur de Remmus).

    La première chose qu'il fallait effectuer était de déterminer des suffixes/préfixes propres à chaque langues pour désigner les éléments les plus communs dans les noms de ville (forteresse, ville, ferme, colline, rivière, champs, lac, port, ...).
    Nibel comporte 7 différents langages regroupés en 4 familles, chacune inspirée par un groupe linguistique réel:

    - Groupe Nord-Nibélien (Lodrien, Hestenois et Nordien), inspiré par la famille Allemande.
    - Groupe Sud-Nibélien (Hellien et Tarensien), inspiré par la famille Romane.
    - Groupe Faer (Arwenois), inspiré par la famille Celtique. Sachant que les autres langues du groupe Faer sont à Faeryth, l'Arwenois, unique langue faer présente à Nibel, est inspiré par la famille brythonique (breton, gallois).
    - Groupe Witanien (Witanien), groupe formé d'un unique langage et inspiré par un mélange des familles baltiques et slaves. Il possède des origines communes avec les langages parlés à Jarigmaa et à Lugen, sans pour autant être intelligible avec eux.

    Ensuite, en faisant des recherches sur les racines proto-germaniques, proto-celtiques, proto-romane et proto-slave/baltique, j'ai déterminé mes propres suffixes pour chaque langage, en les apparentant aux familles "réelles" dont ils sont inspirés. Par exemple, pour "ville"/"fort":
    En allemand, on utilise le suffixe burg, provenant de la racine proto-germanique *brugjō, j'ai ainsi décidé:
       - Burh (Nordien)
       - Burk (Lodrien)
       - Brog (Hestenois)
    Pour la famille Sud-Nibélienne, inspiré de la racine latine "castrum":
       - Castra (Hellien)
       - Castel (Tarensois)
    Pour l'Arwenois, je n'ai pas trouvé la racine brythonique, mais en breton c'est "Kêr" et "Caer" en gallois, ainsi:
       - Ker (Arwenois)
    Et enfin, pour le witanien, je ne l'ai pas défini car je ne l'ai pas utilisé.

    Ainsi, en effectuant ce travail pour plusieurs suffixes/préfixes, j'avais une base de départ pour commencer à nommer mes villes. Pour compléter ces noms, il me suffisait d'ajouter un nom de personne, ou un mot inspiré des racines des familles réelles dont ils sont tirés, puis effectuer des déformations, ou alors mêmes des changement de noms culturels, étant donné que je connais l'histoire nibel et que je sais quelles zones du pays ont étés influencées par plusieurs cultures. Je vais ainsi finir ce long pavé en décortiquant quelques exemples, pour le fun:

    - Rikburk: (culture lodrienne). Original: "Roderik Burk" (Fort de Roderik)

    - Kerwen: (culture arwenoise). Original: "Ker Wen". (Forteresse Blanche) "wen" (inspiré de "gwen" en breton) signifiant "blanc" en arwenois. Le nom était suffisamment simple pour ne pas subir de transformation dans la prononciation.
    Petite Note de précision: Les arwenois sont intégrés au royaume de Lodr depuis longtemps et ont été intégrés de manière "douce", c'est à dire sans lodrianisation agressive de la langue. Cependant l'influence lodrienne explique tout de même la différence qui existe entre les arwenois et ses voisins faers à Faeryth, nottament un durcissement de certaines voyelles, et un "recollage" des mots dans les noms.

    - Tvenbaz: (culture hestenoise). Original: "Tveene Bazes" (Deux Rivières, étant donné que la cité est entouré par deux fleuves à proximité), "Tweene" est inspiré de la racine proto-germanique *twai, et "Bazes" provient du suffixe "baz" que j'ai défini comme étant celui pour les rivières en langage hestenois, inspiré de la racine proto-germanique *baki.

    - Bielrivau (culture tarensoise). Original: "Biellu Rivau" (Belle Rivière)

    - Rivenbak (culture lodrienne). Original: "Rivia Liunga" (hellien: Longue Rivière), simplifié en "Riviunga", puis passé sous contrôle lodrien, ajout du suffixe "bak" (rivière), inspiré de la racine proto-germanique *baki: "Riviungbak", puis Rivenbak. Le "Liunga", signifiant "longue" a pratiquement disparu du nom.

     

    J'aurais pu donner plein d'autres exemples, mais le fait est qu'en essayant de retrouver l'origine des noms que j'avais créé, à cause des déformations que j'ai effectué, je n'arrivais plus à me rappeler de quelles racines je m'étais inspirés, ce qui, de manière involontaire, m'a prouvé à moi-même à quel point il suffit de pas grand chose pour perdre le sens original d'un nom d'emplacement.

    Merci de votre lecture, et j'espère vous avoir donné des idées si vous êtes vous aussi dans le world building :)


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